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Zététique parapsychologique

Aujourd'hui, je découvre l'analyse zététique parapsychologique !

 

Jusqu'alors, il faut le dire, ma pensée se traînait derrière un scepticisme austère, que seuls les cris d'une foule en colère pouvait ébranler. Mais aujourd'hui, ma conscience est arrivée à un palier où le féminin et le masculin s'enchevêtrent et transmutent en un mouvement perpétuel et harmonieux. A l'heure où je vous parle, ma pensée est devenue pseudo-sceptique. C'est-à-dire sceptique mais pas trop.

Mais de peur que vous peiniez à saisir les tenants et les aboutissants de cet éveil, permettez-moi de vous détourner de vos préjugés sceptiques, qui poignent à n'en pas douter :

 

Ce que n’est pas Pseudo-scepticisme.com [moi qui met en gras] :

Un site qui promeut l’existence des phénomènes paranormaux : Nous (Sic.) pensons que ces phénomènes ont une réalité sociale (environ 50% de la population vit un jour une expérience paranormale) mais nous pensons que les travaux actuels ne permettent pas de trancher concernant la nature de ces expériences.

 

[Toujours avec sarcasme dans le texte :]

Ne pas promouvoir l'existence des phénomènes paranormaux, les désigner dans la phrase suivante par un pronom démonstratif ("ces", ceux-là même dont nous ne promouvons pas l'existence) et conclure en disant que la nature de ces expériences reste inconnue... Je ne parviens plus à me détacher de cet extrait...

"de trancher concernant la nature de" ! Une joie trop grande m'habite... Ma nature d'homo grammaticae s'égare en de bas instincts... Ma raison ne sait plus quoi trancher...

"Nous pensons... mais nous pensons..." Sans même faire une concessive ! Rhâââââ... Mais présente-moi tes deux belles pensées contradictoires grand fou ! Plus rien ne nous retient à présent que nous sommes seuls ! Rhâââââ... lovely.


Pour la petite histoire, Pseudo-scepticisme.org est la refonte du blog Zététique, Science et Parapsychologie, cité supra. Il s'agit d'un site de parapsychologie, le genre de site qui vous renvoie à des écrits sur la parapsychologie si vous contestez leurs méthodes, mais qui le font également pour contester la vôtre.

 

Que du bon. Et les bougres ne se lassent, pour ainsi dire, jamais :

 

Plusieurs années plus tard [ndm : après un premier retour d'un représentant de l'AFIS], l’AFIS n’a pas donné suite à notre message et n’a pas modifié l’article disponible sur son site.

Collectif

 

L'AFIS est le site d'une association créée en 1968 qui présente des billets sur l'actualité scientifique ou pseudo-scientifique, pour la passer au peigne critique. Un extrait de l'article cité ici :

 

Ces « preuves » statistiques sont bien évidemment le résultat de l’utilisation fautive, et parfois frauduleuse, des méthodes statistiques. [...] ...d’avides universitaires tombent eux aussi dans cette délinquance scientifique.

Nicolas Gauvrit

 

Le texte qui m'intéresse est la réponse, à cet article de l'AFIS, par le site Pseudo-scepticisme.org. De même que le billet que vous êtes en train de lire, Pseudo-scepticisme.org pointe du doigt la subjectivité d'un auteur :

 

Les différents termes employés par Nicolas Gauvrit [utilisation fautive, frauduleuse, manigance, délinquance] indiquent une orientation sceptique militante qui vise manifestement à décrédibiliser la parapsychologie. Dès lors qu’un article utilise ce type de ton, que ce soit du côté « parapychologique » ou « sceptique », mieux vaut être prudent. En effet, plus les termes choisis manquent de neutralité, et plus le risque est grand qu’ils soient la marque du manque d’objectivité de l’auteur [moi qui met en gras].

Collectif

 

L'article de l'AFIS s'intitule "Tromperies statistiques" et est donc signé Nicolas Gauvrit. L'analyse qui lui répond ici est intitulée : Les tromperies de l'AFIS: Nicolas Gauvrit et la parapsychologie, et est signé "Collectif". Déjà, il y aurait quelques trucs à dire (mais j'ai prévu de travailler sur ces thèmes dans un autre billet). Je m'intéresse ici, comme dans le texte cité, aux termes employés.

 

Par orientation sceptique militante, le texte dresse un portrait de Nicolas Gauvrit, suivant en cela une méthode d'analyse introduite à la phrase précédente, et à laquelle ce billet doit son nom :

 

Voyons donc ce qu’il ressort de l’analyse zététique et parapsychologique de cet article.

Collectif

 

Seulement voilà, les termes relevés par Collectif ne sont mentionnés nulle part dans leur article (les termes entre crochets en italiques sont de mon fait), ni même par renvoi au texte de l'AFIS (qui est conséquent). Orientation sceptique militante n'est donc, en l'état, qu'un portrait psychologique de Nicolas Gauvrit, présenté comme déductible des termes qu'il emploie. Rien d'évident à la lecture, puisque les termes employés par Nicolas Gauvrit relèvent d'emblée d'un registre précis, en l'occurence judiciaire :

 

Ces « preuves » statistiques sont bien évidemment le résultat de l’utilisation fautive, et parfois frauduleuse, des méthodes statistiques. [...] ...d’avides universitaires tombent eux aussi dans cette délinquance scientifique [moi qui met en gras].

Nicolas Gauvrit

 

Quand un auteur vous accuse de trafic de "preuves", qualifie votre activité de délinquance scientifique et introduit tout ça par bien évidemment, il semble assez naturel de se défendre. Et en effet, le double-adverbe bien évidemment, dans le billet de l'AFIS d'où est tiré cet extrait, dévoile assez explicitement la position qu'a l'auteur sur ces conneries qu'il s'est donné la peine de lire. Même présenté autrement, disons que ça reste condescendant. Si l'auteur est sûr de lui, il peut aussi bien l'enlever, écrire plus loin "comme il sera démontré dans cet article", etc. En analyse de discours, on dira que l'adverbe renvoie à la position subjective de l'énonciateur du fait qu'il modalise l'énoncé.

 

Ici, Nicolas Gauvrit prend son lectorat à parti, par connivence : chacun sait que les parapsychologues sont des escrocs qui cautionnent la superstition pour le profit d'entreprises variées (des laboratoires Boiron jusqu'à de plus humble médium).

 

Pourtant, aussi emphatique que puisse être bien évidemment, il n'atteint pas le même degré de subjectivité que manifestement, surligné plus haut dans l'extrait de Collectif.

 

Je m'explique. En l'absence de cet adverbe, l'énoncé est clair :

 

les termes employés indiquent une orientation sceptique militante qui vise à décrédébiliser la parapsychologie.

 

Mais il est absurde. D'une part, parce qu'une orientation ne vise pas (par définition, la visée vient après) : ici, ce sont les termes employés qui le font (il y a eu déplacement du sujet). Mais surtout parce qu'il n'est pas question, à ce stade de l'introduction de N. Gauvrit, de décrédibiliser quoi que ce soit, mais de dénoncer un trafic de données statistiques (au paragraphe suivant, l'auteur parle de "dénonciation" et d'un "j'accuse modeste"...). Manifestement, employé pour souligner une évidence, souligne ici une version relativisée des faits.

 

Si l'objectivité consiste à se cantonner à des faits, voilà ce qu'on peut nommer, à proprement parler, un manque d'objectivité. Et celui-ci diffère de celui-là en ce qu'il est incontestable (au contraire, N. Gauvrit peut toujours avoir parfaitement raison, en dépit de son militantisme sceptique).

 

Il existe au moins deux formes de subjectivité : l'une qui est l'affirmation du point de vue de l'auteur (comme dans le billet de Nicolas Gauvrit) ; l'autre qui est la relativisation d'un fait (comme dans le billet de Collectif). Et cette dernière me semble finalement plus lourde de sens, moins anodine, du fait qu'elle est irréfutable. Les adeptes de Karl Popper comprendront ici où je veux en venir.

 

S'il fallait maintenant un argument pour décrédibiliser l'analyse zététique et parapsychologique, remarquez que la phrase qui termine leur paragraphe est une lapalissade (cf. Collectif supra, en gras dans le texte)*. Et j'avais écrit un truc ici mais je viens de l'enlever tellement... C'est une lapalissade !

 

Wouah je veux dire... j'ai un moment douté. Mais oui* ! Je ne pensais jamais en voir une, comme ça, au beau milieu d'une analyse, petite bête libre et sauvage dans un environnement que l'on croyait stérile. C'est beau.

 

Je vais rester assis là, et méditer.

 

 

 

Le gars derrière

 

 

 

* plus les termes choisis manquent de neutralité, et plus le risque est grand qu’ils soient la marque du manque d’objectivité de l’auteur : Un manque de neutralité s'emploie lorsqu'une personne est impliquée dans une affaire. Déjà, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Mais ici, ce sont les termes choisis qui manquent de neutralité. Un choix de termes ne pouvant provenir que d'un auteur, cette phrase dit deux fois la même chose (voir le problème à l'envers : comment un auteur pourrait ne pas être objectif, sinon dans les termes qu'il choisit ?).

 



19/03/2020
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