Grammar Nazi Explicit Content

A un moment, il faut savoir appeler un chat Socrate, et SOTT un site complotiste.

Si vous avez un problème avec le terme, autant jeter un oeil sur ce billet qui en fait l'éloge. Tout est dit : les bienfaits, qu'apporte l'appréhension du pouvoir par la saine attitude de douter de tout ; puis la victoire, que partagent sur le net les complotistes dont les yeux et les neurones ont fondu à force de bloquer leur écran.

Le génie du complotisme (par Guillaume de Rouville)

En analyse de discours, la référence textuelle et l'affectivité sont invoquées pour démontrer respectivement le manque de contenu et d'objectivité d'un énoncé.

Dans les extraits vus dans ce billet, la référence textuelle se vide de son contenu : l'objet devient croyance, débat ou instrument de pouvoir (qu'est-ce qui ne pourrait pas l'être ?). C'est le déplacement du thème liminaire en information. Comme le lecteur sait de quoi on parle, cette manipulation ne gêne pas sa lecture et permet au rédacteur de conduire son texte là où il veut l'emmener (au refroidissement climatique, à l'implication de l'état, au mensonge organisé...). Loin de toute connaissance et recherche qui se serait avérée fructueuse sur le sujet, ou face à l'impossibilité de démontrer l'indémontrable, ce procédé permet de réorienter le discours.

L'affectivité, par sa nature même, se manifeste lorsqu'un auteur verse dans un domaine où la logique et/ou l'évidence ne suffisent plus. Les marques d'affectivité accompagnent alors ces moments où l'auteur.e affirme ses positions (climatosceptique, nationaliste, libérale ou autre). Comme il ou elle s'engage toujours à défendre son propos, à lister des arguments, la contradiction se fait souvent sentir. Afin de lever cette contradiction, les clichés s'enchaînent, à renfort de superlatifs, d'adverbes et de noms bibliques.

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Les articles traités dans ce billet ont été ouverts au hasard, parmi les plus récents (cf. date sous les extraits). Par leur récurrence, les deux procédés étudiés dans ce billet témoignent aussi d'une pratique de l'écriture. Plusieurs hypothèses peuvent alors être envisagées, pour expliquer comment cette pratique a fini par se retrouver dans neuf dixièmes des publications de SOTT. N'ayant pas lu Les quatre accords toltèques (Miguel Ruiz), j'envisage celles qui suivent :

Hypothèse n°1 :

Les moteurs de recherche, à force d'algorithmes basés sur les préférences (cf. le documentaire-interview A social dilemma), ont réuni sur des thèmes récurrents (catastrophe et climat) des personnes partageant le même goût pour la recherche et l'écriture, des amateurs. Une certaine dose de recherche (homéopathique) associée à une certaine dose d'écriture (quasi-létale) a rassemblé ces personnes autour d'une pratique qui leur fournit l'une et l'autre des doses prescrites. Raison pour laquelle je m'y suis retrouvé.

Hypothèse n°2 :

Il existe un réseau (appelons-le QFG) qui centralise les sottises (des billets mêlant vide d'information et affectivité marquée) dans une seule base de données (appelons-la SOTT.net). L'intérêt de ce réseau n'est pas déterminé. Ce qui est déterminé, c'est la monétisation de certains services : publicités, vente de T-Shirt, livres, tickets et donations, qui générent du pognon à l'échelle mondiale.

Hypothèse n°3 :

De même que les négationnistes et leurs média (ancien Réseau Voltaire), les propos complotistes sont générés et alimentés par l'activisme politique d'extrême-droite. Si, comme moi, vous avez passé votre année 2020 à potasser ces sites au moins une fois par mois, il y a des chances que vous preniez cette hypothèse au sérieux. La pratique en question est en ce cas un exercice rhétorique (discipline qui forme au discours politique).

Hypothèse n°4 :

Tous les auteur.es de SOTT appartiennent à une même communauté, qui se reconnaît, en tant que communauté, par un nom, des valeurs et au moins une pratique, celle qui nous intéresse. Les complotistes.

Si vous êtes arrivés ici, vous avez mérité votre point Godwin. Ceux qui souhaitent sauver leur âme pourront suivre ce lien : Le complotisme de l'anti-complotisme, par Frederic Lordon.

J'espère avoir vacciné les autres.

Le Gars derrière