Watch Merde
Un blog qui a cessé son activité et c'est vraiment dommage :
http://lesfilmsdemerde.blogspot.com/2009/03/watchmen.html
Trouvé sur le compte mail supprimé d'un serveur disparu :
"Journal d'un bloggeur. 29 mars 2009. Aujourd'hui, une histoire est morte.
Un chromatisme chatoyant sur un fond d'impuissance civique ; une injection de silicone dans un sourire effacé. Le public a peur de moi. J'ai vu son vrai visage. Les cinémas sont des fours géants et les fours dorent des tartes à la merde qu'ils distribuent comme des flyers où l'on a oublié d'écrire "ne pas jeter sur la voie publique". Et lorsque l'air devient irrespirable, les abrutis synchronisent leurs poumons. L’illettrisme accumulé par leur résignation et leur condescendance discréditeront jusqu'à leurs pouces bleus, et alors tous les mange-merde et les chroniqueur-partouzeur se tourneront vers moi les mains pleines de billets pour que je relise leur torche-culs...
...Et je regarderai derrière mon écran et je taperai : "bande de mous".
La suite vous la connaissez...
La critique
Alors, pour résumer le point de vue de Junko (par lui-même) :
- [fin] Il est évident que celui qui n’a pas lu le livre verra dans le film un blockbuster ayant l'apparence d'être moins débile qu’à l’accoutumée, mais ce n’est pas que c’est mieux, c’est surtout que le reste du temps c’est désespérant et qu’il n’y a même pas une béquille solide à tordre.
On n'est pas là pour critiquer le point de vue des uns et des autres, hein. Non, moi, mon travail, c'est juste de souligner l'emploi de l'adjectif solide, à la fin. Je veux dire, une petite épithète en scred, comme ça, et l'auteur se prend pour Bender. Y a de quoi s'interroger ? Du coup, retour au début de la critique :
- les mains de Terry Gilliam le poissard, (...) celles de l’épileptique Paul Greengrass ainsi que (...) celles du volatile Daren Aronofsky
Toutes ces mains qui ont touché de leurs doigts gourds Watchmen, le script, l'auteur nous les décrit au moyen d'une épithète collée à leur propriétaire. Ici, cette épithète a une particularité : elle est précédée de l'article défini (le, la). Le procédé est courant dans le langage des titres (hyper-utilisé pour le nom des personnages de fantasy). Il permet ici de nommer les réalisateurs par un titre qui leur décerné, mais il suggère aussi la façon dont chacun aura manipulé le script pour s'en trouver défait : l'un par déveine, l'autre en le faisant tomber (je doute qu'il faille prendre épileptique au sens propre) et le dernier pour disparaître dans les airs. C'est drôle et imagé (poissard...).
- 2001 From Hell (des frères Hugues), 2003 La ligue des gentleman extraordinaires (de S. Norrington), 2005 Constantine (de F. Lawrence) et en 2006 les frères Wachowski produisent V pour Vendetta réalisé par J. Mc Teigue. C'est un film tous les deux ans mais c'est surtout un sans faute indéniable dans la médiocrité absolue, contrastant sans vergogne avec la qualité de l’œuvre pillée !
Là, je commence à comprendre. L'auteur est accroc à l'épithète. Une addiction que j'ai bien connue : en dessous de trois adjectifs par phrase, on a les mains moites, le front qui perle et on se met à crier "Mort aux cons" !
- « Par le réalisateur visionnaire de 300 » clame sans honte l’affiche hideusement photoshopée de cette sombre forfaiture.
Voilà : une épithète manque, alors l'auteur s'envoie un bon gros adverbe des familles pour décompresser. Et là, tout de suite, ça va mieux.
- Snyder catapulté réalisateur visionnaire après la tape à l’œil et sans intérêt Armée des morts et la fresque foireuse comme un pet aux fibres que fut 300 c’est déjà, avant toute chose, une sacrée plaisanterie.
"Fresque foireuse comme un pet aux fibres", un décasyllabe en 4/6 avec allitération en [f], [r] et une alternance de toutes les voyelles (excepté [u]). Ca me donne envie de m'y remettre.
- c'est motivé par une curiosité sacrément malsaine qu'on se traina un soir dans une salle obscure pour contempler ce Watchmen qui déchaîne les passions et fait s’entredéchirer les geeks jusqu’au prochain nonosse qui leur sera vendu.
Retour de l'adverbe (sacrément) compensatoire. Mais le manque est trop fort, alors on s'envoie deux propositions subordonnées relatives derrière.
- Nous nous sommes donc tartiné pendant 2h40 de la bêtise, de la vulgarité et le cynisme d’un des réalisateurs les plus néfastes et les plus cons de sa génération : Zack Snyder !
Deux épithètes. Rien pour compenser. Je vous avais prévenu.
Bon. Mais au-delà de son addiction, somme toute bénigne, Junko est un remarquable critique de cinéma, qui fait sa matière du moindre détail :
- On parle de menace nucléaire ? Il [Snyder] cite évidemment Dr Folamour au décor et au cadre prêt, produisant une véritable photocopie des plans du film de Kubrick. Mad Max 2 (2 scènes en boucle) et 1984 sur le mur d’écran d’Ozymandia. Amusant tout ça, mais tellement vain.
Et pas une seule épithète ! Quand il est lancé, le bougre en oublie jusqu'à ses marottes. Et du coup, tout devient léger comme un Big Mac© sans merde. Enfin... Jusqu'à ce qu'il tente une louange. Là, on en revient à la dose habituelle :
- L’observation décalée et cynique du monde des humains de ce film semble bien correspondre au caractère du Doc Manhattan au point même que la phrase du livre « Serait-ce embelli avec un pipeline ? » qui est reprise dans le film propose, par l’utilisation de la musique de Glass, une étonnante correspondance avec le film de Reggio...
La drogue, c'est mal. Mais une personne capable de différencier jusqu'à la co-citation deux oeuvres issues de supports différents ne devrait pas être jugée pour ses addictions. Aussi, laissons-la s'exprimer :
- Le refus de toute ambiguïté et de toute complexité ainsi que l’impitoyable formatage hollywoodien transforment tranquillement le propos subversif de Moore en quelque chose d’insidieusement détestable.
Ok, dit comme ça, ça a l'air de ne rien vouloir dire. Mais les preuves suivent. Il suffit de débrouiller le texte de son état d'épithété. Ce que je m'apprête à faire, vu je parle l'adjectifique couramment :
- Que seul le Comédien endosse le rôle du méchant (« c’était presque un nazi ») et que ses compagnons soient les héros /confortables/ d’un [du] film /résolument grand public/ ne trouble personne et surtout pas Snyder qui doit trouver ça cool, vu qu’il est pote avec des fachos comme Miller ou Milius…
/Un film grand public interdit au moins de 12 ans et des héros confortablement frustrés dans leur culpabilisme (hormis Rorschach)./ Le souvenir que je garde du Comédien dans le film est celui d'un type qui viole, tire au flashball dans la foule en visant les yeux, couche avec des enfants vietnamiennes et les tue après les avoir mises enceintes. Et que le problème, c'est qu'il a tout compris. Donc ouais, y a un truc qui a changé entre la BD et le film... Dans l'histoire de Moore, les Watchmen sont tous des enfants de putains, et seul Rorschach a le mérite de n'être rien de pire. C'est ce qu'il manque au film : l'incapacité de ne pas produire des héros calibrés, de se détacher de la machine comme Moore l'a fait avec les héros de Comics.
- On en vient à se demander si ces bâtards prennent leur pied à massacrer les chefs d’œuvres de la contre culture des 70’s ou des 80’s pour les forcer à rentrer dans leurs schémas idéologiques réactionnaires ou si c’est uniquement dans un but de rentabilité immédiate qu’on standardise des œuvres originales en savonnettes ?
Big up.
Perso...
J'ai aimé voir Rorschach au cinéma.
Le gars derrière